Alger : des quartiers déshérités devenus très huppés grâce à des « mains invisibles »

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La problématique du prix du foncier à Alger fait toujours débat. Des prix jugés exorbitants sans qu’il y ait pour autant une explication logique à cette situation.

Il ne faut reconnaitre que cette hausse des prix, qui défie ceux pratiqués dans les plus grandes capitales du monde, est due principalement à la mainmise des intermédiaires et des spéculateurs, estiment certains observateurs.

C’est bien évidement une explication très simpliste. Car les raisons sont encore plus profondes. Il faut remonter aux années de sang qu’a vécu notre pays pour comprendre un peu comment des quartiers entiers désertés par ses habitants pour cause de terrorisme ont changé de main pour devenir depuis à peu près une quinzaine d’année des quartiers huppés de la capitale.

Delly Brahim, Cheraga, Bir Mourad Raïs, sont devenus, aux côtés de Hydra, El Biar ou Kouba, des quartiers très huppés qui s’arrachement le prix du mètre carré dépasse tout entendement.

A Hydra, Kouba, El Biar ou encore à Dely Brahim, dites quartiers résidentiels, réputés «huppés», le prix du mètre carré ne cesse en effet d’augmenter.

Selon le président du collège national des experts architectes (CNEA), Abdelhamid Boudaoud, le prix du foncier dans ces quartiers a atteint les 500.000 Da le m2.

Nous rappelons à cet effet le classement de certaines communes par prix décroissant établi par le site des annonces immobilières Baytic.com en 2016 et qui est scindé en deux catégories.

La première regroupe une douzaine de communes qui sort du lot de par les prix du mètre carré pratiqués se situant entre 185 000 DA et 437 000 DA.

Sur cette liste, Hydra occupe la première place avec un tarif qui avoisine les 440 000 DA/m2, soit une différence de près de 83 000 DA en comparaison à d’autres localités.

Vient ensuite, selon l’étude réalisée par le même site, une autre commune limitrophe, Saïd Hamdine, territoire sur lequel la parcelle est cédée à près de 300 000 DA.

À Bir–Mourad-Raïs, le mètre carré est vendu à plus de 274 000 DA. Le même prix, à quelques dizaines de millions de centimes près, est appliqué à Ben Aknoun. Dans ce premier lot, où le foncier est réputé pour être excessivement onéreux, figure aussi l’APC d’El-Mouradia avec une tarification estimée à 263 000 DA/m2.

Cette étude est basée, affirment les gérants de ce site, sur des annonces postées sur des plateformes d’annonces immobilières comme Baytic.

Comment étant arrivé à une telle situation ? Pour illustrer la gravité du problème, M Boudaoud nous révèle qu’en 2004, un groupe d’experts canadien est venu en Algérie pour former les évaluateurs du foncier.

Avec l’aide de M Boudaoud, ces experts ont effectivement accompli leur mission à travers le ministère des finances. « Ces évaluateurs se sont volatilisés depuis», reconnait MBoudaoud, qui confirme également que mis à part les quartiers résidentiels, différentes communes de la capitale connaissent des hausses des prix du foncier.

Il nous donne l’exemple de la localité de Chrarba dans la commune des Eucalyptus. Le prix qui était à 200 DA le m2 a atteint ces dernières années les 70.000 DA le m2. « C’est la loi de la jungle pour le prix foncier », ajoutera le président du CNEA. « Pas de contrôle de l’Etat, pas d’évaluation mais que de la spéculation, comment échapper à une telle situation ? », s’interroge-t-il.

Selon lui, même les APC sont complices dans ce problème car même si le foncier est vendu à 500.000 da le m2, le propriétaire ne déclare qu’une fine somme soit 100.000 Da le m2.

Pour les experts, l’Etat ne peut pas réguler le marché du foncier à bâtir, qui demeure entre les mains du privé, mais il est néanmoins possible d’instituer des fourchettes de prix dans les différentes régions du pays et même dans des quartiers, comme la capitale.

Les terrains vendus par l’Etat doivent êtres incessibles pour éviter toute spéculation. Faute d’offre suffisante et de contrôle de l’Etat, les spéculateurs ne vont pas se gêner pour ramasser le maximum d’argent.

Il faut savoir que des milliers d’hectares ont changé de main lors de la décennie noire au niveau du grand d’Alger.

« Ces mains invisibles » ont tout raflé au plus fort de la crise sécurité qu’a vécu l’Algérie durant les années 1990.

Les terrains acquis pour une bouchée de pain se sont miraculeusement transformes en quartiers résidentiels construits par de « gros bonnets », à l’image du « boucher », incarcéré depuis plus d’une année dans l’affaire des 701 kilogrammes de cocaïne intercepté par les gardes côtes au large d’Oran.

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