Risque pays: La Coface maintient le risque élevé pour l’Algérie en 2019

Date:

Lors de la présentation, mardi 5 février 2019 à Paris, des évaluations risques pays et sectoriels 2019, la Coface (1,4 mrd€ de chiffre d’affaires et 4 100 salariés) a alerté sur « un risque de crédit accru pour les entreprises européennes ». La Compagnie française d’assurance pour le commerce extérieur souligne notamment que « la multiplication des embuches, comme la montée du risque politique, la forte volatilité des cours des matières premières, les contraintes d’offre, a commencé à ralentir la croissance mondiale en fin d’année 2018, au point d’assombrir les perspectives de 2019 ». Le nombre de défaillances d’entreprises pourrait augmenter dans vingt pays sur vingt-six analysés.

L’Algérie a été classée dans la catégorie C, c’est-à-dire risque élevé. Dans son rapport la Coface parle d’un maintien d’une croissance modérée en 2019 pour l’Algérie.

« L’augmentation du cours du pétrole a permis à l‘économie algérienne de reprendre de l’allant en 2018. Les recettes d’exportations d’hydrocarbures, qui représentent 93 % des volumes exportés, se sont accrues allégeant la pression sur les recettes budgétaires, permettant, ainsi, à l’État de poursuivre sa politique de soutien à l’activité. A contrario, les volumes exportés ont baissé au cours de l’année, à cause du recul de la production. Cette dernière reste pénalisée par le manque d’investissement et l’arrivée à maturité des champs », note la Coface.

Afin de répondre à ces enjeux, la Coface suggère que le gouvernement devrait mettre en place une nouvelle loi pétrolière qui serait effective en 2019. Elle aurait pour objectif d’attirer les investissements étrangers. La seconde piste envisagée serait la diversification des sources et modes de production avec le développement de l’offshore et l’exploitation des hydrocarbures non conventionnels.

La Sonatrach, une entreprise publique algérienne avec pour objectif principal le développement des ressources hydrocarbures du pays, a en effet annoncé que les premiers forages de gaz de schiste devraient débuter courant 2019, ce qui devrait permettre au secteur de retrouver un nouveau souffle. En dépit d’un marché pétrolier qui devrait rester favorable aux exportateurs d’hydrocarbures, l’activité algérienne devrait légèrement ralentir en 2019.

L’État devrait bénéficier, toujours selon la Coface, de marges de manœuvre budgétaire supplémentaires, mais à la veille des élections présidentielles de 2019, ces dernières seraient axées sur des mesures sociales. Les transferts sociaux devraient en effet augmenter, ce qui soutiendrait la consommation des ménages, mais les dépenses d’investissements publics devraient marquer le pas. Le ralentissement de l’économie hors hydrocarbures notamment des secteurs fortement dépendants de la dépense publique et un climat des affaires peu favorable devraient continuer à pénaliser l’investissement privé. L’inflation devrait se stabiliser, mais à un niveau élevé. La politique de financement non conventionnel (recours à la création monétaire) mis en place en septembre 2017 se poursuivrait pour répondre au besoin de financement de l’État.

Par ailleurs, sur les défis qui attendent l’Algérie, la Coface estime qu’en dépit de la politique budgétaire expansionniste du gouvernement, l’amélioration de la conjoncture pétrolière a favorisé une légère diminution du déficit public en 2018, qui devrait se poursuivre en 2019. Il n’en demeure pas moins conséquent. La loi de finance qui se base sur une prévision du prix du pétrole relativement prudente de 50 USD a, anticipe une légère hausse des recettes publiques. Elles devraient également bénéficier de la dépréciation du dinar algérien, dont le taux de change administré est estimé à 118 DZD/1 USD contre 115 DZD/1 USD en 2018. Le gouvernement ne prévoit pas la mise en place de nouvelles taxes et impôts et le budget alloué aux subventions qui représente 8 % du PIB devrait rester inchangé. Les dépenses de fonctionnement et les transferts sociaux (notamment en soutien des familles), devraient augmenter au détriment des dépenses d’équipement. Tout comme en 2018, le déficit public devrait être financé directement par des emprunts effectués auprès de la banque centrale. La dette publique devrait augmenter en conséquence, mais elle restera majoritairement domestique. Le recours à l’endettement extérieur reste pour le moment exclu par les pouvoirs publics.

« Le déficit courant s’est nettement contracté en 2018. Les mesures de contrôle des importations combinées à une hausse des recettes d’exportations ont conduit à la baisse de l’important déficit commercial qui devrait se poursuivre en 2019 en dépit d’une légère hausse des importations. Les interdictions d’importer qui ont concerné une liste de 851 produits ont été remplacées en septembre 2018 par un nouveau dispositif tarifaire. Le droit additionnel provisoire de sauvegarde (DAPS) qui continuera probablement d’opérer en 2019. Il fixe des taxes douanières additionnelles allant de 30 à 200 % sur une liste de produit arrêter par une commission interministérielle dédiée. Les réserves de change qui représentent 16 mois d’importations en 2018, continuent de s’éroder, mais à un rythme moins rapide. Les IDE en direction de l’Algérie devraient néanmoins s’accroître, notamment grâce la nouvelle loi d’investissement dans le secteur pétrolier », ajourte-t-on.

Pour ce qui est des élections présidentielles en 2019, la Coface note que la campagne en préparation des élections présidentielles d’avril 2019 semble avoir déjà commencé en 2018 sans pour autant remettre en question le statu quo politique.

« Bien qu’il ne se soit pas encore prononcé, le président Abdelaziz Bouteflika devrait, malgré son état de santé, briguer un cinquième mandat. Il restera soutenu par une large partie de la classe politique qui l’appelle à se représenter, parmi lesquels son parti le Front de libération nationale (FLN, ex-parti unique), et ses principaux alliés : le Rassemblement national démocratique (RND), les islamistes du Rassemblement de l’espoir de l’Algérie (TAJ), et la centrale syndicale UGTA. Pour le moment, le chef de l’État ne semble pas avoir d’opposition, mais la période de faible croissance que traverse l’Algérie a commencé à avoir des répercussions sur le plan social. En dépit d’une politique distributive au détriment de la consolidation budgétaire, les manifestations tendent à se multiplier », indique la Coface.

Share post:

Info en continu

Articles associés
Related

Chanegriha supervise l’exécution d’un exercice tactique avec munitions réelles en 3ème Région militaire

Le Général d'Armée Saïd Chanegriha, Chef d'Etat-major de l'Armée...

Réunion du Gouvernement : examen de projets de lois et présentation d’exposés relatifs à plusieurs secteurs

Le Premier ministre, M. Nadir Larbaoui, a présidé, mercredi...

Tassili Travail Aérien : 12 avions bombardiers en prévision de la campagne de lutte contre les incendies

La compagnie Tassili Travail Aérien a mobilisé une flottille...

Le Président Tebboune reçoit les lettres de créances de quatre nouveaux ambassadeurs

Le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune a...