L’énergie solaire intéresse les pouvoirs publics: Le gouvernement Ouyahia passera-t-il à l’action ?

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Le Premier ministre Ahmed Ouyahia a indiqué lors de la conférence sur l’Energie tenue récemment a Alger que l’Algérie «entend relever plusieurs défis énergétiques» avec le concours de ses partenaires extérieurs à travers une démarche articulée autour de quatre axes.

Il a donné à cet effet, les garanties de son gouvernement à «aller de l’avant et mobiliser tous les moyens nécessaires, vis-à-vis l’énergie solaire. Nous travaillerons aussi à promouvoir l’exportation d’énergies solaires vers notre voisinage, y compris européen»révèle-t-il.

L’Algérie possède de grandes réserves de ressources énergétiques non conventionnelles pour lesquelles les agences spécialisées classent l’Algérie au 3ème rang mondial, ainsi que d’un gigantesque potentiel d’énergies renouvelables notamment solaire. Le consultant en transition énergétique, Tewfik Hasni, a livré quelques repères chiffrés sur le coût économique des différentes solutions disponibles et évoquées par les pouvoirs publics au cours des dernières années. Selon l’ancien PDG de NEAL, la production d’électricité par le solaire thermique serait d’ores et déjà l’option la moins coûteuse. Tandis que la production de 2000 MW d’électricité nucléaire demanderait un investissement global de près de 50 milliards de dollars, le coût de la même quantité d’énergie produite par des centrales utilisant le solaire thermique ne dépasserait pas 10 milliards de dollars «même en intégrant les coûts de recherche et de développement». Le gaz de schiste, qui pour Tewfik Hasni semble avoir la faveur des responsables du secteur algérien de l’énergie, demanderait de son côté un investissement minimum de 43 milliards de dollars pour la production de 20 milliards de m3 de gaz «sans compter les coûts d’abandon et de démantèlement dont on oublie de tenir compte. Notre point fort et notre vrai avantage comparatif c’est le solaire thermique» assure Tewfik Hasni. Il rappelle que l’espace saharien est l’un des seuls au monde à permettre la mise en œuvre d’une telle solution pour la génération électrique. Une option d’ailleurs déjà largement développée par les saoudiens qui ont pris une longueur d’avance dans ce domaine grâce à l’entreprise AQUA qui est aujourd’hui un leader mondial et a déjà installé près de 800 MW dans son propre pays et jusqu’en Afrique du sud, où elle vient de remporter un nouveau marché. L’ancien DG adjoint de Sonatrach estime qu’en Algérie, la seule récupération des gaz torchés, évaluée de façon très conservatrice à 6 milliards de m3, pourrait permettre la production, via la construction sur les sites gaziers de centrales hybrides utilisant à 70% l’énergie solaire, de près de 25 GW d’électricité. Soit plus que l’équivalent de la totalité du programme d’énergie renouvelable défini par les pouvoirs publics à l’horizon 2030. Ce dernier programme est malheureusement aujourd’hui très en retard et seule la centrale expérimentale de Hassi R’mel en est fonctionnelle avec une capacité de 25 MW. Un programme qui souffre aussi selon Tewfik Hasni d’une «focalisation excessive sur le photovoltaïque» pour lequel deux projets d’une capacité totale de 400 MW sont en cours de réalisation qui «seront équipés avec des panneaux importés de Chine alors qu’une entreprise algérienne comme Condor est capable de les produire localement et risque de renoncer à cette activité faute de commandes» dit-il encore. Pour mettre en œuvre ce programme ambitieux, Tewfik considère que la volonté politique est aujourd’hui absente et qu’on a fait de mauvais choix qui peuvent expliquer le retard pris par le programme national des énergies renouvelables. Il ne comprend pas qu’on ait confié dans ce domaine un monopole à Sonelgaz «alors que la loi a consacré l’ouverture du secteur aux acteurs algériens». Il faut «remettre Neal en selle et envisager des partenariats public-privé. Le saoudien AQUA peut être un partenaire» recommande  également Tewfik Hasni qui regrette que «les décrets pour les tarifs du CSP et du photovoltaïque qui seraient des incitations puissantes au développement de la production n’existe toujours pas». Avec plus de 3 000 heures d’ensoleillement par an, l’Algérie a tout ce qu’il faut pour développer l’utilisation de l’énergie solaire. Le soleil tout seul ne suffit pas. Il faut la technologie et les équipements pour transformer ce don du ciel en énergie électrique. La production à grande échelle permettrait de réduire substantiellement les coûts tout en favorisant à l’aval une multitude de PMI-PME, renforçant le tissu industriel à partir des énergies propres (industries écologiques). La promotion des énergies renouvelables suppose des moyens financiers importants en investissement et en recherche-développement. Le fonds technologique pour les énergies renouvelables décidé en conseil des ministres dont le taux est passé de 0,5% à 1% de la rente des hydrocarbures devrait être revu à la hausse à 3% minimum afin de pouvoir permettre le soutien entre le tarif garanti permettant la rentabilité de l’investissement. Grâce aux recettes d’hydrocarbures alimentant ce Fonds, l’Algérie peut éviter de faire supporter ces investissements sur le consommateur à revenus faibles, à l’instar de l’Allemagne où la différence entre le prix garanti et celui du marché, est reportée sur les factures des consommateurs via une surtaxe, suite à sa décision de sortir du nucléaire d’ici à 2022. L’Algérie a réceptionné en mi-juillet 2011 la centrale électrique hybride à Hassi R’mel, d’une capacité globale de 150 MW, dont 30 MW provenant de la combinaison du gaz et du solaire. Cette expérience est intéressante. La combinaison de 20% de gaz conventionnel et 80% de solaire me semble être un axe essentiel pour réduire les coûts et maîtriser la technologie. À cet effet, le CREG (l’agence de régulation) a annoncé la publication de décrets destinés à accompagner la mise en œuvre du programme algérien de développement des énergies renouvelables.  Des mesures incitatives sont prévues par une politique volontariste à travers l’octroi de subventions pour couvrir les surcoûts qu’il induit sur le système électrique national et la mise en place d’un Fonds national de maîtrise de l’énergie (FNME) pour assurer le financement de ces projets et octroyer des prêts non rémunérés et des garanties pour les emprunts effectués auprès des banques et des établissements financiers.  Le programme algérien consiste à installer une puissance d’origine renouvelable de près de 22 000 MW dont 12 000 MW seront dédiés à couvrir la demande nationale de l’électricité et 10 000 MW à l’exportation. D’ici 2030, l’objectif de l’Algérie serait de produire, 30 à 40% de ses besoins en électricité à partir des énergies renouvelables. Le montant de l’investissement public consacré par l’Algérie à la réalisation de son programme de développement des énergies renouvelables, à l’échéance 2030, qui était au départ fixé à 60 milliards de dollars s’élèverait, selon le ministère de l’Energie, à 100 milliards de dollars.

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