Hervé Bougault, directeur de l’Agence française de développement (AFD) d’Alger: «En plus des projets on intervient également sur l’expertise»

Date:

Arrivé à peine une année en Algérie pour donner un nouvel élan à la coopération, le directeur de l‘Agence française de développement (AFD) Hervé Bougault a réussi très rapidement à instaurer un climat de confiance entre son agence et les autorités algériennes qui n’hésitent plus à le consulter sur divers programmes relatifs à l’environnement, la transition énergétique, la rénovation des quartiers anciens et enfin la société civile qui prend de plus en plus de place dans les programmes que propose cette agence.  

L’Express DZ : Quel est en réalité la principale mission de l’Agence ?

Hervé Bougault: «Nous avons en réalité plusieurs axes stratégiquesNotre première priorité est d’abord  de travailler sur la ville durable. Dans ce domaine, on travaille avec le ministère de l’Habitat, du Transport, le ministère de l’Intérieur, des Collectivités locales et de l’Aménagement du Territoire et la wilaya d’Alger. On travaille principalement avec plusieurs ministères sous forme d’ateliers. La ville d’Alger devient plus grande avec ses quartiers. Alger et une ville magnifique mais compliqué à vivre et pas très simple à vivre. La ville est importante et l’activité à Alger avec ses nouveaux quartiers et territoires pose de nombreux défis. Alger est une ville magnifique mais compliquée à vivre en termes de mobilité urbaine et de qualité de vie. On travaille pour imaginer, par exemple, comment seront les gares de demain. Elles pourraient être plus modernes avec des espaces commerciaux et de l’intermodalité (tramways, trains de banlieues, bus, taxi). Nous accompagnons la wilaya d’Alger dans la rénovation des quartiers anciens avec la région Ile-de-France, particulièrement celui de La Casbah. Il y’ a aussi les gares centrales par exemple. Des gares modernes avec des activités commerciales et de loisirs. Le deuxième sujet a trait à la société civile afin de l’accompagner dans l’élaboration des projets éligibles aux financements, avec le ministère de l’Industrie pour accompagner les PME et enfin un appui aux incubateurs. On va poursuivre nos activités avec plusieurs ministères tels que les Finances, l’Intérieur, l’Energie et les Ressources en Eaux. Il y a aussi le renforcement des capacités humaines. On travaille aussi avec l’ABEF pour concevoir des modules de renforcement des capacités mises en place des managements permettant le changement avec les Collectivités locales. Il existe des petits sujets avec le ministère de la Culture patrimoine du film numérisation. Au tout au début se sera juste un appui au ministère afin d’identifier le processus qu’il faut mettre en place pour l’organisation d’un calendrier afin de dégager une enveloppe financière de 100.000 euros. Après ce sera beaucoup plus. Depuis 2005 on travaille que par subvention. Cette année on va accélérer sur les projets à hauteur de 15 millions d’euros.

L’AFD a-t-elle un droit de regard sur les projets ?

Oui nous faisons une évaluation à la fin des projets une évaluation faite par les cabinets installés en Algérie. On fait un suivi-évaluation assez régulier des projets. Quand le projet est achevé, on en fait une évaluation. Celle-ci est faite généralement par des cabinets installés en Algérie ou en interrogeant les bénéficiaires. Au fait, on accompagne les autorités dans cette évaluation. En plus de la mobilisation des financements, l’AFD intervient aussi dans l’expertise.

Une année particulière pour l’agence ?

L’année 2003 l’AFD a contribué à la reconstruction de Boumerdes après le séisme.

Un projet bloqué ?

Non. Pas à mon sens. Il n’y a pas beaucoup de requêtes. Aussi il a été décidé d’installer un directeur en Algérie pour renforcer ce dialogue. D’où ma présence ici en Algérie.

Vous insistez sur la transition énergétique. Existe-il des projets dans ce sens ?

Nous travaillons avec Sonelgaz, nous nous sommes rapprochés de Sonatrach et nous sommes en relation assez étroite avec le ministère de l’Intérieur. Actuellement, nous avons été sollicité pour trois opérations particulières : hybridation de 15 centrales thermiques de SKTM (étude de faisabilité, structuration technique et impacts environnementaux). Nous travaillons avec le GRTE sur le réseau Nord qui n’est pas assez étendu. Beaucoup d’entreprises travaillent avec des groupes électrogènes et la qualité du réseau n’est pas suffisamment bonne (micro-coupures, variations). Il s’agit d’établir la connexion entre le réseau d’énergie renouvelable intermittent solaire et le réseau traditionnel.

D’autres projets en perspective ?

Il y a l’appui à la création des incubateurs. Nous travaillons avec l’Association professionnelle des banques (ABEF) pour concevoir des modules sur le renforcement de capacités sur le management permettant l’accompagnement aux changements. Autre fait qui reflète cette volonté de l’AFD de reprendre pied en Algérie. À partir de cette année on va accélérer les choses et faire beaucoup plus, sur tous les projets (société civile, renforcement de capacités, délégation de financement de l’UE.

Votre plus grand engagement ?

Notre plus haut nombre d’engagements c’était quand on faisait des prêts, c’est-à-dire avant 2004. Entre 99 et 2004, on a mis 160 millions d’euros à peu près d’opérations prêts et 5 à 6 millions d’euros en subventions. Depuis 2005, on ne travaille qu’en subventions, donc là on a mis une dizaine de millions d’euros. On peut aussi accompagner les autorités, les ministères ou les entreprises, dans l’établissement du cahier d’appels d’offres et donc dans le choix, mais en disant qu’il y a telle ou telle structure, consultez là, on n’est jamais prescripteur. On recommande toujours de faire un appel d’offre, le gré à gré on ne connait pas, et nos appels d’offres sont internationaux.

Votre agence participe dans certaines prises de participation effectuées dans des entreprises algériennes comment expliquez-vous cela ?

Il y des fonds d’investissements en Algérie, qui ont des capacités de financement importantes et il y a des banques qui ont, elles aussi, des capacités de financement importantes. On n’est pas là pour faire de la concurrence à cet écosystème financier. On n’est que sur des opérations où le système financier ne peut pas aller tout seul. Donc, on ne fera jamais de la concurrence aux banques. C’est clair et c’est un principe d’intervention. Avant de poursuivre. C’est un peu la marque de fabrique de l’AFD, on est des artisans de financements et non pas des banquiers et un artisan trouve toujours des solutions.

La décision du gouvernement algérien de ne pas recourir à l’endettement extérieur, ne gênerait-elle pas quelque part l’activité de l’AFD ?

C’est une décision souveraine des autorités algériennes, ça ne nous gêne pas. Ce n’est pas un problème pour nous. Notre agence accompagne, par exemple, le ministère de l’Energie et celui des Finances dans la mise en place de modèles économiques permettant de faire la prospective jusqu’à 2050 qui nécessite des outils de programmation et de projections (financières, sociales, consommation énergétique) jusqu’à cette échéance. On est en train de négocier avec la direction de la prospective et des études au ministère de l’Energie. Les grandes variables qui vont être utilisées sont les prix des hydrocarbures, les émissions de gaz à effet de serre, la consommation énergétique et les engagements internationaux qui pourront s’imposer à l’Algérie surtout qu’on parle de plus en plus de pays producteurs d’hydrocarbures qui devront garder une partie de leur production au sous-sol et ne pas l’exploiter.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Share post:

Info en continu

Articles associés
Related

Abdelkader Gouchene, Écrivain: « Les différents systèmes de gouvernance qui se sont relayés depuis l’Indépendance ont réussi à rendre l’Algérien méconnaissable à lui-même »

Abdelkader Gouchene, auteur du roman « L’Amour sublime » paru  en 2018, revient avec un...

Exclusif / Entretien avec Dr Rachid Amokrane, président de Smarttek consulting New-York

Rachid Amokrane est un expert en développement personnel et en motivation...