Usines de montage de véhicules : Le beurre, l’argent du beurre et la crémière

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Avec tous les avantages accordés aux sociétés de montage de véhicules en Algérie, voilà que le Gouvernement décide de permettre à ces dernières la vente de leurs véhicules aux collectivités locales et aux ministères.

Une décision qui a soulevé des interrogations sur l’efficacité de telles mesures. Au fait, qu’est-ce que le pays pourrait gagner dans tout cela ? Quel intérêt pour l’économie nationale ? Si ce n’est que ce sont seulement les « investisseurs » ou plutôt des hommes d’affaire dans ce domaine qui sont les gagnants.

Lundi, Global Groupe, qui s’est lancé dans le montage de véhicules de plusieurs marques, annonce l’acquisition de 500 bus « Hyundai Trax & Bus,  de transport scolaire montés par le groupe, au profit du ministère de l’intérieur et des collectivités locales. D’autres marques montées localement ont également été sollicités dans ce sens. Ce groupe ne figurait, il y’a à peine une année, même sur la liste des concessionnaires éligibles à une autorisation d’ouverture d’une usine de montage de véhicules. Pourtant L’usine Gloviz, appartenant au groupe,  implanté dans la wilaya de Batna s’est déjà lancé dans le montage de plusieurs modèles de la marque coréenne, Kia « Picanto », « Rio », « Cerato » et « Sportage », en plus du « petit camion K2500 », sans oublier des bus Hyundai.

Certains concessionnaires Algériens ont réussi à se lancer dans l’industrie automobile en quelques mois avec l’argent des banques Algériennes au moment ou en Europe et aux USA, terre de toutes les industries, il a fallu plus d’un siècle pour développer le secteur et tous les autres sous-secteurs qui accompagnent cette industrie stratégique.

 

Après avoir introduit plusieurs mesures d’incitation en 2015-16, notamment des exemptions d’impôt sur les sociétés et une facilitation des procédures d’obtention de permis de construire pour les usines de montage, sans oublier les crédits bancaires accordées à ces dernières, et après avoir  fixé des quotas d’importations de véhicules en 2016, provoquant une chute du nombre de véhicules finis importés de 417.913 en 2014 à moins de 20 000 en 2017,  les importations de collections SKD (semi-knocked-down) et CKD (completely-knocked-down) assemblées localement ont doublé pour atteindre 1,8 milliard de dollars.

Si pour certains l’industrie automobile locale semble se renforcer, plusieurs observateurs estiment que l’objectif du gouvernement de parvenir à 15% de production locale d’ici trois ans et 40% d’ici cinq ans est trop ambitieux.

D’autres voix s’élèvent également pour noter que le modèle d’importation de pièces détachées pour un assemblage local revient en fait plus cher que l’importation de véhicules finis.

Savez-vous aussi que pour encourager les investissements dans le secteur du montage des véhicules, l’Etat algérien a accordé d’importants avantages fiscaux et parafiscaux.  Des avantages qui rapportent des milliards de DA aux investisseurs étrangers et nationaux. Pour certains ce “traitement de faveur” concédé par l’Etat, pourrait tourner à contre-courant.

« A mon avis, Avec tous les avantages consentis, nous n’avons pas perçus une répercussion positive sur les prix, pratiquement aucun impact qui puisse donner des prix abordables pour le pouvoir d’achat des clients algériens », nous dira à cet effet l’expert en automobile, Mohammed Yaddadene. Pour lui, cette situation est avantageuse pour les assembleurs en termes de couts et surtout de revenu.

« C’est vrai que les volumes vendus aux flottes sont importants d’autant plus que parmi les parcs à renouveler figurent ceux des sociétés et administrations publics…Pour le reste le pays à terme  bénéficiera d’un développement industriel du secteur des industries mécaniques si l’intégration évolue à travers des PME et PMI local qui seront au service de ce secteur, sans pour autant négliger la création d’emplois car n’oublions pas que les concessionnaires ont connu beaucoup de difficultés ces dernières années certains ont carrément baissé rideau », ajoutera-t-il en concluant que le marché renferme un grand potentiel à exploiter en ciblant toutes les catégories de clients donc un meilleur choix des segments de produits qui devraient être à la portée de tous les budgets.

L’autre interrogation c’est les 40 concessionnaires qui ont bénéficié de l’accord du ministre de l’industrie Youcef Yousfi.  Le Conseil National de l’Investissement (CNI) mis sous le coude du gouvernement et qui demeure le seul organisme à même d’autoriser tous ces concessionnaires, a-t-il donné son accord ?

Combien  d’hommes d’affaire reconvertis en concessionnaires puis en patrons d’usines de montage de véhicules ont réellement le fameux quitus du CNI pour se lancer dans l’industrie automobile ?

L’informel a-t-il aussi touché le secteur naissant de l’industrie automobile ?

Ce sont là quelques questions qui restent sans réponses et dont le public a droit de connaitre la vérité puisque c’est lui le consommateur final.

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