Une hypothèse hautement probable : Et si Bouteflika ne se présentait pas en 2019

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Le président Bouteflika a regagné le pays, samedi dernier après un séjour médical de cinq jours en Suisse qui a alimenté les rumeurs sur son état de santé.

L’annonce coupait court, ainsi, à des rumeurs disant le président Bouteflika dans un état «très grave», voire «mourant». Le président Bouteflika, a atterri lundi dernier à Genève pour effectuer des «contrôles médicaux périodiques» au service oncologie de l’hôpital cantonal de Genève.

Aucun détail n’a été communiqué, notamment sur la durée du séjour présidentiel en Suisse ou sur l’hôpital où auront lieu les contrôles médicaux. Le Gulfstream IV s’est posé à Genève Aéroport à 18h42 lundi soir selon l’appli GVA dictator alert, qui traque les vols des dirigeants de pays autoritaires à destination de la cité du bout du lac. Une dizaine de personnes auraient pris place dans le jet présidentiel pour l’accompagner jusqu’à Genève.

Ce n’est pas la première fois que le patient Bouteflika se rend en Suisse. Il s’y était déjà fait soigner pendant plusieurs jours en 2016. Il a été admis à la clinique privée de Genolier, sur les hauteurs de Nyon, où il s’était déjà rendu il y a deux ans. Ces dernières années, il a aussi séjourné dans une clinique de Grenoble. A part pour des soins, Bouteflika n’effectue plus aucun déplacement à l’étranger.

Le président Bouteflika connaît bien et apprécie la Suisse pour y avoir séjourné durant sa longue traversée du désert entre les années 1980 et 1990. Ce n’est pas la première fois que Bouteflika vient dans la région pour des raisons de santé, puisqu’il est déjà passé par des établissements médicaux à Genève ou Grenoble. Hospitalisé 80 jours à Paris en 2013 après son AVC, Bouteflika s’est depuis rendu plusieurs fois à l’étranger pour des «contrôles médicaux périodiques», à Paris, Grenoble (sud-est de la France) ou Genève.

L’état de santé du président Bouteflika alimente régulièrement les spéculations, notamment depuis l’AVC dont il a été victime en 2013. La question se pose avec d’autant plus d’acuité à l’approche d’une nouvelle échéance présidentielle qu’il pourrait briguer.

En 2005, déjà, certaines sources spéculaient sur son décès, alors qu’il soignait, au Val-de-Grâce, un ulcère hémorragique de l’estomac. Depuis, la santé du président algérien est un sujet à controverse récurrent, exacerbé par le black-out instauré par son entourage sur la question, et nourri par ses rares apparitions ou quelques contretemps diplomatiques.

En février 2017, une rencontre avec la chancelière allemande, Angela Merkel, est reportée en raison d’une «bronchite aigüe» dont souffrait le président. Or si son état de santé physique s’est bien dégradé, Bouteflika garde une lucidité intacte.

Selon un ancien diplomate, il travaille pendant quelques heures par jour et arrive à parler plutôt normalement. Il n’y a, pour le vérifier, qu’à débriefer les ambassadeurs qui viennent lui remettre leurs lettres de créance lorsqu’il est en mesure de les recevoir.

Un ambassadeur asiatique a dit une fois que l’entretien a tellement duré, Bouteflika livrant son analyse, ponctuée de nombreuses références historiques et géopolitiques sur la région asiatique en question, que cet ambassadeur s’en était senti «gêné», avait récemment déclaré une source indépendante et bien informée. 

La question sur l’état de santé du président Bouteflika se pose avec d’autant plus d’acuité que son mandant touche à sa fin, et que les appels l’incitant à rempiler se font récurrents.

En prévision de l’élection présidentielle en avril 2019, son camp multiplie les appels à un 5e mandat de Bouteflika qui dirige l’Algérie depuis 1999. Si le chef de l’Etat n’a pas fait part de ses intentions, de nombreux observateurs estiment sa candidature hautement probable.

Bouteflika a participé à deux événements publics, en avril et en mai derniers. Il est également apparu à la télévision nationale, le 5 juillet, jour de la fête nationale, à l’occasion d’un dépôt de gerbe à la mémoire des «martyrs» de la guerre d’indépendance.

Par ailleurs, il a rencontré en avril à Alger le président du gouvernement espagnol Mariano Rajoy, et le président turc Recep Tayyip Erdogan le mois précédent.

Le dernier voyage de Bouteflika pour un contrôle médical à l’étranger avant celui de Genève, remonte au 3 décembre dernier. Il s’était alors rendu dans une clinique à Grenoble (France).

Le président Bouteflika n’a pas dit pour le moment s’il se présenterait ou non. En attendant, ce nouveau séjour médical à l’étranger ne plaide pas pour un cinquième mandat du président Bouteflika. Mais bien évidement les voies du système Algérien restent impénétrables.

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