Abdelhak Lamiri, expert et consultant en économie : « Un dinar dévalué ira améliorer quelque peu les divers soldes de la balance des échanges »

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L’Express-DZ : Au cours de la première semaine du mois d’août, la Banque d’Algérie a repris le mouvement de dépréciation de la valeur du dinar par rapport au dollar qui avait été interrompu depuis plus de 2 ans. Est-ce une bonne décision à votre avis?

MLamiri : La dévaluation du dinar serait une bonne chose si elle serait accompagnée de deux mesures: premièrement neutraliser les effets sur les produits de première nécessité et sur l’investissement productif. De nombreuses mesures sont nécessaires dans ce contexte. Il est impératif d’accompagner la dévaluation par des mesures qui rendent compétitives les entreprises algériennes. Mais ceci est une opération super complexe dont les mesures n’ont pas commencé encore.

Selon certains analystes la décision prise début août semble donc mettre fin à une période de plus de 2 années au cours desquelles la gestion de la monnaie nationale  conduite par le gouvernement apparaissait comme profondément contradictoire avec les objectifs affichés de la politique macroéconomique. Êtes-vous de cet avis?

La politique du management de la monnaie n’est pas contradictoire avec les objectifs elle est seulement insuffisante à elle seule pour juguler une crise d’une telle ampleur. On n’a pas approfondi le diagnostic. L’économie algérienne souffre d’un sous management des ressources et ce ne sont pas les politiques macroéconomiques (monétaires et budgétaires) qui peuvent corriger ces graves déséquilibres. Nous avons besoin de réformes structurelles (éducation, qualification humaine, modernisation managériale). Tant qu’on croit que les mesures économiques peuvent corriger nos problèmes on se tromperait de schéma thérapeutique.

D’autres estiment que la surévaluation du dinar joue un rôle majeur dans le déficit commercial et celui du compte courant de la balance de paiements qui sont à un niveau historique depuis 2015. Qu’en pensez-vous?

Ceci est en partie vrai. Un dinar dévalué ira améliorer quelque peu les divers soldes de la balance des échanges. Mais ceci ne suffirait pas car les produits et services importée sont d’une importance considérable. La dévaluation va alléger quelque peu ces soldes sans régler les problèmes de développement du pays.

La loi sur le financement non conventionnel adoptée à l’automne dernier confie désormais théoriquement la gestion de la valeur du dinar à un « comité de suivi » constitué de la Banque d’Algérie et du ministère des Finances. Est-ce une bonne initiative à votre avis?

Cela va dépendre de l’expertise dont bénéficiera ce comité. S’il sera appuyé par de nombreux experts compétents dans de nombreux domaines de bonnes décisions peuvent surgir. Mais si on se cantonne uniquement dans la sphère financière on fera l’erreur de croire que des manipulations monétaires peuvent améliorer les choses. Autrement dit si ce comité n’a pas la capacité de faire bouger les choses dans le domaine des compétences humaines, des pratiques managériales, de l’organisation de l’état ses résultats seront totalement insuffisants.

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