Merzoug Toauti a été condamné mercredi par la cour de Bejaia à une peine de 7 ans de prison ferme. Son avocat, Salah Dabouz, militant des droits de l’homme affirme que son mandant est innocent. Il revient également dans cet entretien exclusif accordé à l’Express DZ sur le déroulement du procès et s’interroge pourquoi Ariel Taboul, un juif algérien de Tlemcen, qui aurait clairement proposé à Touati Merzoug une aide financière pour encourager les conflits entre arabes et amazighs n’a jamais été convoqué.
L’Express DZ : Merzoug Touati a été condamné, en appel, à 7 ans de prison ferme. C’est trois ans de moins que le premier jugement. Quel est votre commentaire sur cette décision?
Touati Merzoug est accusé de quatre chefs d’accusation : 1- d’avoir entretenu, avec les agents d’une puissance étrangère, des intelligences de nature à nuire à la situation diplomatique de l’Algérie, 2- d’avoir incité les habitants à s’armer contre l’autorité de l’Etat, 3- d’avoir incité à occuper les places publiques par des attroupements ; et, enfin, 4- d’avoir incité un attroupement armé.
Le 24 mai 2018, il a été jugé, en première instance, où il a été reconnu coupable d’avoir entretenu avec les agents d’une puissance étrangère des intelligences de nature à nuire à la situation diplomatique de l’Algérie, d’avoir incité à occuper les places publiques par des attroupements et d’avoir incité un attroupement armé, et il avait donc été condamné à 10 ans de prison ferme assortie d’une amande de 50.000 Dinars , et une interdiction légale (empêcher le condamné d’exercer ses droits patrimoniaux durant l’exécution de la peine principale) et l’interdiction de voter et de se porter candidat et d’être témoin dans un acte ou devant la justice pour une période de 5 ans, après expiration de sa peine ou de sa libération.
En deuxième instance, le 21 juin 2018, Merzoug Touati a été rejugé pour les mêmes accusations, il a été reconnu coupable d’avoir entretenu avec les agents d’une puissance étrangère des intelligences de nature à nuire à la situation diplomatique de l’Algérie, d’avoir incité à occuper les places publiques par des attroupements, et il a été condamné à 7 ans de prison ferme et une interdiction légale et l’interdiction de quitter le territoire national et de porter une arme pour une période de 5 ans qui court le jours de l’expiration de la peine principale ou de sa libération.
Même si cette peine est revue à la baisse, elle ne me réjouit pas personnellement, moi, son avocat, qui suit le dossier depuis le premier jour, car Touati Merzoug est réellement innocent, et j’en suis vraiment convaincu. Vous remarquerez que l’accusation d’incitation à un attroupement armé n’a pas été retenue contrairement au premier jugement.
L’Express DZ : Le collectif de défense a alerté sur l’inexistence d’éléments à charge contre l’accusé, mais sur quelle base la justice s’est-elle appuyée pour le condamner?
J’ai personnellement contesté toute la phase d’instruction, et en première instance j’avais même demandé une instruction complémentaire pour préserver les droits de Touati Merzoug, le juge d’instruction avait refusé de convoquer Ariel Taboul, un juif algérien de Tlemcen, qui a clairement proposé à Touati Merzoug une aide financière pour encourager les conflits entre arabes et amazighs. Il devrait être le premier inculpé. On se demande vraiment pourquoi la police et la justice couvre ce personnage. Il y’ a aussi cette fuite de l’intégralité du procès verbal du bureau du juge d’instruction de la première audition chez ce même juge. J’ai, là aussi, personnellement, déposé une plainte chez ce même juge, mais ce dernier à refusé carrément d’enquêter sur cette fuite qui est partie de son bureau.
Sa décision a été appuyée par la chambre d’accusation, ce qui a fait dire à Touati Merzoug qu’il peut être lui même complice. La plainte est pendante devant la cour suprême. La question la plus importante et la plus pertinente, dans ce dossier, est «Pourquoi un dossier d’entretien avec des agents d’une puissance étrangère et d’intelligences de nature à nuire à la situation diplomatique de l’Algérie, n’a pas été traité par la sécurité militaire (les services de renseignements), seule institution capable d’instruire ce genre d’affaires ??»
L’Express DZ : Selon la loi, les faits reprochés à l’accusé relèvent de quelle atteinte au droit ? Des voix ont dénoncé un verdict lourd et une décision politique contre le jeune blogueur, quel est votre sentiment?
Je suis persuadé que Touati Merzoug est victime d’un complot, et je reste convaincu que la vérité finira par être connue, car Touati Merzoug est un citoyen honnête, intelligent, propre, mais surtout très courageux et bien déterminé à exercer sa citoyenneté.
