Problématique de la stratégie de l’OTAN et de la sécurité au Sahel et en Méditerranée

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Le Secrétaire Général adjoint de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) pour les Affaires Politiques et la Politique de Sécurité, M. Aléjandro Alvargonzales, a effectué  une visite de travail en Algérie, du 19 au 21 mars 2018, cette visite s’inscrivant dans le cadre des consultations bilatérales au titre du Dialogue Méditerranéen de l’Alliance Atlantique auquel  l’Algérie ayant adhéré, en mars 2000.

C’est que les années à venir devraient  conduire à de profondes  reconfigurations socio-économiques, technologiques  mais également sécuritaires, cette présente contribution étant  une synthèse d’une étude sous ma direction  parue à l’Institut Français des Relations Internationales – IFRI Paris décembre 2011-  (1).

En effet, privilégiant en premier lieu ses intérêts stratégiques, partie prenante du dialogue méditerranéen (DM), le Maghreb se doit d’agir  en fonction d’un certain nombre de principes et à partir d’une volonté avérée de contribuer à la promotion de la sécurité et de stabilité dans la région que ce soit dans le cadre d’une coopération avec l’ Otan, en fait avec les USA, avec les structures de défense  que l’Union Européenne entend mettre en place, sans oublier  la Russie ou la Chine pour ne citer que les principaux acteurs.

Cette contribution est une synthèse remaniée de quatre interventions du professeur d’Abderrahmane Mebtoul, expert international, en mars 2015 au sénat français à l’invitation de Jean Pierre Chevènement, de l’association internationale africaine ARGA  à Tanger mai 2015 et l’autre à Malte à l’invitation de la commission européenne avril 2014 et des fondations –Bill Gates- Rockfeller New York novembre . 2012 sur  Usa/Maghreb-Afrique. 

 I.  Le dialogue méditerranéen de l’OTAN

C’est que la fin de la guerre froide marquée par l’effondrement du bloc soviétique et les attentats survenus aux Etats-Unis le 11 septembre 2001, représentent  un tournant capital dans l’histoire contemporaine.

Le premier événement marque la fin d’un monde né un demi siècle plutôt et la dislocation d’une architecture internationale qui s’est traduite des décennies durant par les divisions, les déchirements et les guerres que nous savons.

Aujourd’hui, les menaces sur la sécurité ont pour nom terrorisme, prolifération des armes de destruction massive, crises régionales et délitement de certains Etats. Or, les défis collectifs, anciens ou nouveaux, sont une autre source de menace : ils concernent les ressources hydriques, la pauvreté, les épidémies, l’environnement. Ils sont d’ordre local, régional et global.

Entre la lointaine et très présente Amérique et la proche et bien lointaine Europe, entre une stratégie globale et hégémonique, qui possède tous les moyens de sa mise en œuvre et de sa projection, et une stratégie à vocation globale qui se construit laborieusement et qui peine à s’autonomiser et à se projeter dans son environnement géopolitique immédiat, quelle attitude adopter et quels choix faire pour  le Maghreb ?

Interpellée et sollicitée, le Maghreb s’interroge légitimement sur le rôle, la place ou l’intérêt que telle option ou tel cadre lui réserve ou lui offre, qu’il s’agisse du dialogue méditerranéen de l’Otan ou du partenariat euro- méditerranéen, dans sa dimension tant économique que sécuritaire.

L’adaptation étant la clef de la survie et le pragmatisme un outil éminemment moderne de gestion des relations avec autrui, le Maghreb devant faire que celui que commandent la raison et ses intérêts.

Sept pays appartenant à la région méditerranéenne sont aujourd’hui des partenaires de l’Organisation de l’Atlantique Nord dans le cadre de ce qu’on appelle le dialogue méditerranéen de l’Otan.

Ces pays qui entretiennent des relations de nature, de niveau et d’intensités différentes avec l’Otan et les Etats-Unis sont l’Algérie, l’Egypte, Israël, la Jordanie, le Maroc, la Mauritanie et la Tunisie.

Ce partenariat que l’Otan, et à travers lui les Etats-Unis, rentre dans une stratégie de multiplication et de diversification des partenariats qui touchent plusieurs régions : les anciennes républiques soviétiques, le Caucase, l’Asie centrale, la Russie, la Chine, etc. Toutefois, du fait de l’intégration à l’Otan qui a touché en novembre 2002 sept pays de l’ex bloc soviétique le texte signé à Paris le 19 novembre 1990 entre l’Alliance Atlantique et le Pacte de Varsovie devient un projet caduc.

Dès lors,  le dialogue méditerranéen de l’Otan est  l’objet de toutes les attentions de la part de cette organisation qui a décidé de le transformer en partenariat stratégique. La région Maghreb d’une manière particulière et la méditerranée d’une manière générale représentent pour l’Otan son flanc sud tout en étant le passage obligé vers le Moyen-Orient qui recèle de fabuleuses richesses pétrolières et où se trouve un allié stratégique de tout premier plan pour les Etats-Unis.

L’intérêt que portent ces derniers à la méditerranée occidentale n’est pas nouveau. Dans cette perspective, tant le projet du grand moyen Orient , (GMO notamment à travers les résolutions du sommet de Rabat le dernier semestre 2004)  que le ‘’projet américain  Eizenstat’’ visent à passer avec les pays arabes des accords de libre échange, la sous région du Maghreb faisant l’objet de négociations pour en faire de même, le contrôle de l’énergie au niveau mondial  étant au cœur de la stratégie géo- stratégique américaine (d’ailleurs chinoise et européenne) sous tendant toute la stratégie militaire. Car la consommation d’énergie a connu une évolution depuis que le monde est monde  expliquant bon nombre de conflits, depuis la  révolution   industrielle à nos jour en précisant que les différentes sources d’énergie sont en concurrence :  charbon – pétrole , gaz, nucléaire, les énergies renouvelables dont le solaire, éolienne , géothermique avec à l’avenir les perspectives du charbon et accessoirement de l’hydrogène en cas d’épuisement  dans 40 à 50 ans  des réserves de pétrole et de gaz,  deux pays du Maghreb étant relativement bien dotés l’Algérie et la Libye. L’énergie est au cœur de la stratégie américaine afin d’étendre son influence politique et militaire sur les régions à forte potentialités énergétiques en contrôlant  les portes de l’Asie, du fait du poids dans les années à venir  de la Chine, de l’Inde, du Pakistan et du Japon, et des pays émergents de l’Asie.

C’est dans ce cadre que rentre la résolution du parlement américain  (juillet 2007), qui a voté une motion contre un cartel de gaz et ayant une stratégie de limiter l’influence du cartel OPEP , bien que cette organisation représente moins de 33% à l’heure actuelle de la production commercialisée du pétrole.

Dans ce cadre, il est utile de préciser que le marché pétrolier étant un marché mondial et le marché gazier  actuellement étant un marché segmenté, ( prédominance des canalisations , le GNL étant marginal) le prix indexé sur celui du pétrole, le coût élevé et la marge bénéficiaire réduire , (d’où la non rentabilité des gisements marginaux contrairement à ceux du pétrole) et il est très difficile dans la conjoncture actuelle d’ imaginer un marché OPEP du  gaz répondant au marché boursier classique, peut être à moyen terme avec la généralisation des GNL.

Concernant strictement le volet défense et sécurité, c’est dans ce contexte qu’est lancé, dès 1995, le dialogue méditerranéen de l’Otan (DM). Pour rappel, on notera qu’en juillet 1997 le Sommet de Madrid des chefs d’Etat et de gouvernement des pays de l’Otan crée le Groupe de coopération méditerranéenne (MCG) qui est placé sous l’autorité du Conseil de l’Atlantique Nord.

A partir de cette date, les pays de l’Otan et leurs partenaires méditerranéens se réunissent de manière régulière « à 19+1 ou 19+7 ». Le Conseil de l’Atlantique Nord prend ensuite des mesures pour renforcer les « dimensions politiques et pratiques » du DM, mesures qui ont été entérinées par le Sommet de Washington (avril 1999) des Chefs d’Etat et de Gouvernement.

Suite aux attentats du 11 septembre 2001, le Conseil prend d’autres mesures destinées à renforcer le DM et ce, en janvier 2002 et en juin de la même année. Parmi ces mesures, citons l’organisation de consultations entre l’Otan et les partenaires méditerranéens sur la question du terrorisme.

Lors de la réunion de Reykjavik, tenue en mai 2002, les Ministres des affaires étrangères des pays de l’Otan décident de renforcer les dimensions politique et pratique du dialogue méditerranéen, notamment en menant des consultations avec les partenaires méditerranéens sur des questions de sécurité d’intérêt commun, y compris en rapport avec le terrorisme.

Mais c’est surtout le sommet de l’Otan qui s’est tenu le 29 juin 2004 à Istanbul, mettant l’accent concrètement sur l’urgence de l’approfondissement, qui a ouvert le dialogue méditerranéen de l’Otan en le transformant en véritable partenariat et de lancer l’initiative de coopération avec certains pays du DM, dialogue qui s’est poursuivi entre 2005/2008.

 II. Le renforcement du dialogue méditerranéen en matière de défense et de sécurité

Le  document officiel publié par l’Otan et intitulé « renforcement du dialogue méditerranéen, avec établissement d’un inventaire des domaines de coopération possibles » résume ainsi cet aspect du renforcement du DM.

Le but recherché serait d’établir entre l’Otan et les pays du DM des relations à long terme axées sur ce processus en fonction des intérêts mutuels de sécurité, ainsi que de permettre à l’Otan de contribuer de façon significative à promouvoir le dialogue et la coopération dans la région méditerranéenne.

Par ailleurs, la dimension politique du dialogue méditerranéen devrait être renforcée par une plus large exploitation des possibilités qu’offre le dialogue multi/bilatéral existant; la poursuite de l’action en faveur des contacts de haut niveau et d’une implication des décideurs, selon le cas; des mesures visant à rapprocher encore les partenaires méditerranéens de l’Otan et enfin le renforcement de la complémentarité avec d’autres initiatives internationales ».

A cet effet, l’intensification des relations politiques peut se faire selon plusieurs formules notamment les réunions à 19+1 et à 19+7. Ces réunions remontent à la création du MCG (Groupe de coopération méditerranéenne) en 1997 et se tiennent régulièrement depuis.

Nous avons une autre formule, émanant du Conseil de l’Atlantique Nord, les réunions au niveau des Ambassadeurs des pays de l’Otan et du DM (NAC+1 et NAC+7) que se tiennent depuis octobre 2001. S’agissant des réunions annuelles à 19+1 au niveau des ambassadeurs (NAC+1), elles continuent de se tenir pour des échanges de vues sur la situation régionale et des débats sur l’évolution et les perspectives de développement du DM. Quant aux réunions à 19+7 au niveau des Ambassadeurs (NAC+7), elles continuent d’être organisées au moins deux fois par an, en particulier après les réunions ministérielles et les sommets des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Otan, afin d’informer les Ambassadeurs des pays du DM des résultats de ces réunions et de procéder à des échanges de vues sur des questions en rapport avec le DM.

Dans ce cadre, le Conseil de partenariat euro-atlantique (CPEA) et le Partenariat pour la paix (PPP) sont deux cadres qui ont été institués. A cet effet, il est prévu d’explorer les possibilités d’associer les pays du DM, cas par cas, à des activités du CPEA et du PPP spécialement choisies et d’encourager les partenaires méditerranéens à participer de façon plus large aux activités auxquelles la coopération dans le cadre du CPEA et du PPP leur permet déjà d’accéder.

Deux initiatives internationales peuvent être citées : le processus de Barcelone de l’Union européenne et le dialogue méditerranéen de l’OSCE. Le Conseil de l’Atlantique Nord a décidé que l’Otan proposerait à l’UE l’organisation périodique d’exposés et d’échanges d’informations sur les activités de chacune des deux organisations dans le domaine de la sécurité et de la stabilité dans la région méditerranéenne.  Ainsi, il est envisagé d’organiser des réunions d’experts de l’Otan et de l’OSCE pour examiner des questions d’intérêts communs.

Dans cette perspective, la démarche à suivre consisterait à prévoir notamment des activités ciblées, l’objectif consistant à couvrir des secteurs où l’Otan dispose d’un avantage comparatif reconnu et pouvant apporter une « valeur ajoutée », en particulier dans le domaine militaire, et pour lesquels les partenaires méditerranéens ont manifesté de l’intérêt.

Deuxièmement, l’accent est mis sur la mise à profit de l’expérience acquise dans le cadre du partenariat pour la paix (PPP), avec notamment l’ouverture d’activités PPP supplémentaires aux pays du DM et/ou l’adaptation d’activités PPP à leurs besoins spécifiques, le document insistant, à ce niveau, sur la nécessaire consultation préalable des pays du dialogue méditerranéen (DM).

 Les domaines de coopération inventoriés par l’Otan  peuvent être résumées au nombre de quatorze

 1. La formation, l’entraînement et la doctrine militaire;

 2. Les  exercices militaires et les activités d’entraînement connexes;

 3. Les contacts entre militaires aux niveaux des chefs d’Etat-major de la défense, des    Etats-majors et des experts ;

4. La médecine militaire ;

5. Les échanges d’informations dans le domaine de la logistique;

6. Les consultations au niveau des experts sur  les efforts politiques et de défense avec pour objectif   de lutter contre la  prolifération des armes de destruction massive (ADM)  ;

7. L’action humanitaire globale de lutte contre les mines (GHMA);

8. La tenue de séminaires et de réunions d’experts sur les plans civils d’urgence (PCU) ;
9. La participation à certaines activités des bureaux et comités d’études ;
10. La gestion des crises, cet aspect important de la coopération comprenant  des exposés sur les exercices de gestion des crises;

11. La science et l’environnement ;

12. L’encouragement des pays de l’Otan et du DM à contribuer au MDWP;

13. L‘intensification des efforts d’information de l’Otan dirigés vers la société civile des pays du DM ;

14. Le renforcement du rôle des ambassades points de contact de l’Otan  dans les pays du DM.

Mais il est également  envisagé la  possibilité de la définition de  nouveaux domaines de coopération   y compris les questions militaires et de  défense, afin d’instaurer la paix et la sécurité de façon durable et d’éviter les conflits. L’inventaire des domaines de coopération possibles  fait ressortir huit  axes directeurs. Le but recherché est   d’améliorer  l’aptitude des pays du DM à contribuer à des opérations de réponse aux crises hors article cinq que dirige l’Otan, y compris l’entraînement à une participation éventuelle à un centre de coordination logistique interarmées multinational (MJLC) :

1.– l’introduction du concept d’unités de soutien logistique intégré multinational (MILU), la préparation à la mise en œuvre du concept du carburant unique (SFC) et la coopération dans le domaine des matériels tactiques de manutention des carburants (TFHE) ;

2.-la réforme de la défense incluant  les meilleures pratiques en matière de gestion économique et civile des forces armées,  y compris  les aspects « sécurité » du développement économique et les aspects économiques de la lutte internationale contre le terrorisme liés à la sécurité;

3.-Les consultations sur le terrorisme, par la  prise en compte du partage de données du renseignement, des réunions d’experts sur la menace terroriste et les mesures prises, individuellement ou avec d’autres pays, pour faire face à cette menace ;

4.-les consultations et la coopération relative la sécurité aux frontières;

5.– la « participation aux travaux du Groupe de la conférence des directeurs nationaux des armements (CDNA) pour le partenariat sur le système Otan de codification (NCS)  ; 6.-l’  invitation aux activités du Groupe de la CDNA pour le partenariat » qui concernerait les conditions de sécurité dans le transport et le stockage des munitions et des explosifs militaires ;

7.-des consultations sur des questions de gestion de la circulation aérienne  dans l’optique d’une plus grande sécurité des vols et échanges d’informations sur les procédures civilo- militaires de contrôle de la circulation aérienne ;

8.-la gestion des catastrophes. La question du financement étant posée, deux situations sont envisagées : d’une part, la  règle de l’autofinancement des activités menées au titre du DM est retenue ; d’autre part, une  aide financière exceptionnelle.

 III. Le Maghreb dans le dialogue méditerranéen de l’OTAN 

Le cadre  défini au  sommet de l’Otan de promouvoir  le dialogue méditerranéen de l’Otan au rang de « véritable partenariat », (le même sommet d’Istanbul faisant  une offre de coopération à la région du Moyen-Orient élargi qui est adressée aux pays qui le souhaite, ceux qui sont membres du conseil de coopération du Golfe étant cités explicitement) ambitionne de contribuer à la sécurité et à la stabilité de la région méditerranéenne par le truchement d’un certain nombre d’actions au nombre de cinq qui se veulent complémentaires avec d’autres actions internationales
1.-le renforcement de la dimension politique du dialogue méditerranéen avec l’Otan ;

2.- l’appui au processus de réformes de la défense ;

3.– la coopération dans le domaine de la sécurité des frontières;

4.- la réalisation de l’interopérabilité;

5– la contribution à la lutte contre le terrorisme

L’objectif poursuivi par l’initiative d’Istanbul est de renforcer la sécurité et la stabilité par le biais d’un nouvel engagement transatlantique en  fournissant un avis adapté sur la réforme de la défense, l’établissement des budgets de défense, la planification de la défense, les relations civilo-militaires et l’encouragement  de la coopération entre militaires afin de contribuer à l’interopérabilité ;  lutter contre le terrorisme par le partage de l’information , la coopération maritime , lutter  contre la proliférations des armes de destruction massive et contre les trafics. Face à ces propositions quelle est l’attitude des pays du Maghreb devant consolider l’intégration maghrébine  pour devenir une entité  économique fiable au moment de la consolidation  des grands ensembles   ?  Car  les   menaces qui pèsent sur les peuples et leurs Etats et les défis  collectifs qui leur sont lancés doivent amener les pays du Maghreb  à se doter d’une  politique extérieure globale des enjeux, des problèmes et des crises que connaît le monde et à déployer ses capacités, ses moyens et son savoir-faire dans une logique de juste et fécond équilibre. Le dialogue et la concertation entre les peuples et entre les acteurs sont la clef et en même temps la meilleure des garanties pour instaurer la paix et la stabilité de manière juste et durable. C’est sur cette base que me semble t-il les pays du Maghreb se sont engagés  dans le dialogue méditerranéen de l’Otan et dans d’autres initiatives régionales ou sous régionales.  Mais face à l’Otan, existe une volonté politique de l’Union Européenne  d’avoir une stratégie de défense et de sécurité qu’il convient  brièvement d’examiner,  étant encore embryonnaire, mais  concernant également le Maghreb.

 4.- La politique  de défense et   de  sécurité  de  l’Europe

La fin de la guerre froide, les velléités d’émancipation de l’Europe de la tutelle américaine – particulièrement en matière de défense et de sécurité  – et la volonté de construire avec les pays de la région des relations économiques privilégiées accroît de manière significative cet intérêt. Qu’il s’agisse en effet de crises régionales, de scissions d’Etats, de prolifération d’armes de destruction massives ou de conflits internes (ethniques, religieux, culturels ou autres), l’Otan est perçue par les Européens comme une organisation incapable de réagir à ces nouveaux types de menaces. C’est pourquoi va revenir à la surface le vieux rêve d’Europe de la défense que caressaient un certain nombre de pays du vieux continent.  C’est pourquoi aussi les Européens se mettent à la recherche d’une alternative à l’Otan et à l’Union de l’Europe Occidentale (UEO) laquelle, pour d’autres raisons, ne pouvait prétendre combler le ‘’vide de sécurité’’ en question. Il convient aussi d’ajouter que la traduction en termes concrets de la subordination juridique de l’UEO à l’Union européenne rencontre des difficultés qui laissent présager un avenir incertain de l’UEO en tant que « bras armé de l’Union » : la non appartenance à l’Union européenne de pays classés comme ‘‘membres associés’’  et l’attachement à l’Otan ou la neutralité de pays observateurs.. Par ailleurs, l’UEO est non seulement absente du théâtre européen mais aussi, elle connaît un phénomène d’ « otanisation » qui rend difficile son autonomie et son usage donc en tant qu’instrument au service d’une politique européenne de sécurité et de défense autonome. Ces  atermoiements se retrouvent  dans le  traité de Maastricht qui jette   de  manière timide, les bases de ce que certains Européens souhaitent être une politique commune de sécurité et de défense. Les divergences ne vont pas manquer entre  les trois principales puissances européennes, en l’occurrence la France et l’Allemagne d’un côté et le Royaume-Uni de l’autre.  Pour la France et l’Allemagne, l’UEO peut être réactivée en fonction des nouvelles données et des missions qu’elle serait appelée à mener. Elle deviendrait le « bras armé de l’UE ». Le Royaume-Uni, surtout depuis la décision de sortir de l’Europe économique,  défend l’idée de mettre en place un pilier européen de l’Alliance Atlantique » Ces divergences vont se retrouver dans le texte du traité  qui stipule, d’un côté que  la politique étrangère et de sécurité inclut l’ensemble des questions relatives à la sécurité de l’Union européenne, y compris la définition à terme d’une politique de défense commune, qui pourrait conduire, le moment venu, à une défense commune et  de l’autre que  la politique de l’Union au sens du présent article n’affecte pas le caractère spécifique de la politique de sécurité et de défense de certains Etats membres du traité de l’Atlantique Nord .  Par ailleurs, le traité mentionne clairement que l’UEO  est une  « composante de défense de l’Union européenne et  un moyen de renforcer le pilier européen de l’Alliance atlantique ». Autant dire donc que ces deux dispositions d’un même article et l’annexe  qui accompagne le traité contentent à la fois la position franco-allemande et celle de la Grande-Bretagne. Dans ce contexte quel cadre tracer pour un partenariat euro- méditerranéen en matière de défense et de sécurité d’autant  plus que les résultats  de ce partenariat issus du processus de Barcelone sont  mitigés ? C’est pourquoi des tentatives sont faites aujourd’hui pour redynamiser le dialogue euro- méditerranéen avec deux initiatives : d’une part, la politique européenne de voisinage ; d’autre part,  le partenariat stratégique entre l’Union européenne d’un côté et la Méditerranée et le Moyen-Orient de l’autre.   D’ailleurs la stratégie européenne  de l’Union pour la Méditerranée  avait   le même objectif stratégique bien que se différenciant sur les tactiques,  de relance du partenariat  méditerranéen  rentre dans ce cadre  sous tendant  une zone tampon  de prospérité  Europe -Afrique via  la méditerranée pour freiner l’émigration massive de l’Afrique sub saharienne avec  comme pilier l’union du Maghreb  comme condition d’attrait  des  investissements directs étrangers porteurs qui ont besoin d’un marché de plus de 100 millions d’habitants. C’est que comme  souligné précédemment , le problème du contrôle des réserves stratégiques  explique en partie, les conflits en Irak,( 2ème puissance pétrolière après l’Arabie Saoudite )au Liban , les tensions au Soudan ( dont la  Chine est présente dans ce pays pour le  pétrole ) et  avec l’Iran  ‘2ème puissance gazière mondiale 15% des réserves après la Russie- 30% des réserves mondiales) contrôlant une grande partie  du passage maritime des exportations des hydrocarbures des principaux pays du Golfe à travers le détroit d’Ormuz,  dont les réserves mondiales sont de plus de 60% de la planète.  D’une manière générale, sur le plan militaire et géo- stratégique  c’est  à travers les activités du groupe dit des « 5+5 que peut être apprécié aujourd’hui la réalité d’une telle évolution.  C’est que la  lecture que font les Européens des menaces et défis auxquels le monde et notre région sont confrontés  repose essentiellement  sur la nécessité de développer ensemble une stratégie de riposte collective et efficace concernant notamment  le terrorisme international, le trafic des êtres humains et la criminalité organisée à travers la drogue et le blanchissement d’argent.  Par ailleurs, selon la commission de Bruxelles et le parlement européen  entre l’Europe et le Maghreb, et plus globalement  l’Europe et la zone méditerranée, il s’agit de faire bloc, de rapprocher les Européens et leurs voisins immédiats. Pour le cas du  Maroc, de la Tunisie et de l’Algérie qui ont qui a signé  l’Accord de libre échange avec l’Europe,  en matière de défense et de sécurité, des consultations relatives a la mise en place d’un dialogue entre le Maghreb  et l’Union européenne ont eu lieu sous forme de consultation informelles et de réunions formelles. Mais il serait souhaitable des clarifications portant sur deux questions jugées fondamentales : d’une part, la valeur ajoutée de cette offre de dialogue par rapport au dialogue méditerranéen de l’Otan : d’autre part, la coopération en matière de lutte contre le terrorisme entre le Maghreb  et l’UE dans le cadre de la PESD.

 Conclusion : Les politiques de défense et sécurité : une adaptation aux réalités locales et mondiales 

Mais, face  aux menaces communes et aux défis lancés à la société des nations et à celles des hommes, les stratégies de riposte sont ou doivent être collectives. Cependant, dès lors qu’elles émanent d’acteurs majeurs et de premier plan, elles s’inscrivent dans une perspective globale et cachent mal des velléités hégémoniques. Incluse dans une sous région qui n’en finit pas de vouloir se construire et évoluant dans un environnement géopolitique régional que des acteurs majeurs façonnent aujourd’hui à partir de leurs intérêts et des préoccupations stratégiques qui leurs sont propres. le Maghreb est appelée de se déterminer par rapport à des questions cruciales.  Face à un monde en perpétuel mouvement, tant en matière de politique étrangère, économique  que de défense, actions liées,  avec  les  derniers événements au Sahel, aux frontières de nos pays,  se posent  l’urgence des stratégies d’adaptation et d’une coordination, internationale et  régionale afin d’agir efficacement sur les événements majeurs. Ces nouveaux défis,  dépassent en importance et en ampleur les défis que les pays du Maghreb ont   eu à relever jusqu’à présent.  [email protected]

 Références

 (1)-Etude du professeur Abderrahmane MEBTOUL  parue à l’Institut Français des Relations Internationales (IFRI Paris France) » la coopération Maghreb Europe face aux enjeux géostratégiques » (novembre 2011)- chapitre III- « la stratégie de l’OTAN face aux enjeux géostratégiques en Méditerranée »

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