Le professeur Benabdellah Youcef « L’Algérie ne connait pas une crise de ressources financières, mais une mauvaise gouvernance »

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L’Algérie ne connait pas une crise de ressources financières mais un grave problème de mauvaise gouvernance qui caractérise actuellement la gestion des deniers publics et l’économie nationale qui n’arrive pas à décoller; et ce à cause de sa forte dépendance des hydrocarbures, selon Benabdellah Youcef, professeur en économie.

 « Il faut se détromper; l’Algérie ne connait pas une crise de ressources financières mais plutôt un grave problème de mauvaise gouvernance et d’absence de transparence dans la gestion des affaires de l’Etat»  explique ce matin du jeudi Benabdellah Youcef, sur les ondes de la chaine III de la radio nationale. Selon lui, l’Algérie se trouve actuellement dans la même situation de 1986 qui a vu l’effondrement de l’économie nationale; suite au choc pétrolier et la chute des cours du pétrole dans le marché international. Il estime que le recours au financement non conventionnel est un aveu d’échec dans la mesure ou l’Etat s’aperçoit que sa panne est, dit-il,  une panne générale ou le seul moteur de croissance se caractérise par le budget de l’Etat dont est défalqué le financement des équipements. Cet aveu d’échec se voit aussi à travers la mise en conformité et le recours à l’emprunt public; lesquels non plus n’ont pas marché; bien avant de recourir au financement non conventionnel, a-t-il ajouté.

 « Ceci veut dire que l’économie nationale fonctionne par l’informel, seul secteur qui  permet un taux de rentabilité extrêmement élevé par rapport aux taux offerts par l’Etat. Encore plus, on ne voit aujourd’hui aucune politique active de l’épargne de la part de la Banque d’Algérie. Les taux d’intérêts restent déprimés. Ils sont de 2,5% ; dans un pays ou le taux d’inflation est de 4%. On agit seulement en consommant plus ; ou en allant acheter plus des Euros pour préserver leur épargne » assène le professeur en économie. De ce fait les Algériens vivent au dessus de leurs moyens et ne consomment pas ce qu’ils produisent.

 « Une bonne gouvernance consisterait à regarder plutôt du coté de la croissance hors hydrocarbures. Cela nous permettrait de diversifier notre économie et de développer des exportations de produits manufacturés et de mieux rééquilibrer nos comptes » souligne encore le chercheur Benabdellah Youcef. Il n’a pas manqué de donner des explications sur les enjeux du taux de change qui ont fait couler beaucoup d’entre ces derniers temps.

« Une économie mal informée est une économie mal gouvernée »

« A court terme, je ne pense pas que la dépréciation du Dinar va automatiquement, sans accompagnement d’autres mesures structurelles, donner une capacité d’exportation ou une réduction importante des importations. En 2015 les importations ont diminué mécaniquement de 6 ou 7 milliards de dollars. Et là, on s’est empressé de dire que c’est la dépréciation du Dinar qui a rendu les importations trop chères. C’est faux ! C’est l’appréciation du dollar qui nous a donné un meilleur pouvoir d’achat vis-à-vis de l’Europe notamment » poursuit-il. Selon lui, les importations réelles ne sont pas réduites en volume elles ont plutôt augmenté ; l’Algérie est tellement dépendante de l’extérieur que les dépréciations fortes du Dinar viendraient à déprimer davantage le PIB et par conséquent la réduction du pouvoir d’achat des Algériens. Il rappelle que cette expérience a été vécue durant les années 90. Comme recommandations, le professeur souligne qu’il y a lieu de « revoir les transferts sociaux en ciblant les personnes concernées. Le FMI vient de souligner à Alger que les transferts sociaux ratent complètement leurs cibles ; puisqu’ils sont injustes et profitent plus aux riches qu’aux pauvres »

Il faut attendre les résultats du dossier sur les transferts sociaux sur lequel plonge actuellement le ministère des finances en termes de nouveaux ciblages équitables. Il est injuste que le pain soit payé par le même prix par le pauvre et le riche.  Il faut donc un autre modèle de gouvernance pour savoir qui est qui en termes notamment des salaires et détention des riches. Il y a lieu de dire que le dossier des transferts sociaux est déposé devant le gouvernement depuis 1994 pour identifier les personnes vulnérables et les aider. Mais l’aisance financière a retardé par la suite l’étude de ce dossier. Voilà aujourd’hui ce dossier remonte à la surface.

« Le problème qui se pose aujourd’hui est celui de l’information. Une économie mal informée est une économie mal gouvernée.  Alors il faudrait identifier clairement les vrais acteurs de notre économie et de notre politique » soutient le professeur Benabdellah.  En attendant la fin du tunnel…

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