Les experts et chefs d’entreprises algériens s’interrogent sur les vrais enjeux de la fermeture du marché national aux produits étrangers, ou du moins sur la restriction des importations en vue permettre ; soutient-on l’émergence des produits nationaux et de leur exportation. Est-ce une bonne démarche pour l’économie nationale qui veut s’intégrer dans l’économie mondiale ?
La protection de la production nationale doit-elle impliquer la fermeture du marché national aux produits d’importation ? Telles sont les questions qui ont été posées à l’occasion de l’émission économique organisée cette semaine par la chaine 4 de l’ENTV qui a invité des chefs d’entreprises et des producteurs de faïences, produits stratégiques eu égard au rythme croissant de la construction de logements en Algérie. Les réponses semblent divergentes quant à la définition de la notion de « protection de la production nationale » et de son impact réel sur l’économie nationale.
Faut-il souligner d’abord que la décision de rationalisation des importations a été prise par les pouvoirs publics suite à la dégringolade des prix du cours du baril de pétrole depuis 2014. Le gouvernement a conforté cette décision dans la loi de finance 2016.
Selon les économistes, il ne s’agit dans ce cas d’un choix économique mais de circonstances obligeantes pour garantir la pérennité des dépenses publiques et la réduction de la facture des importations
« Protection par la qualité et normes et non par des interdictions »
L’UGTA de Sidi Said favorisait la riposte à la rareté des devises par la mise en œuvre du patriotisme économique et la suspension de l’importation des produits fabriqués localement.
Il s’agit d’ouvrir les vannes du marché national aux produits algériens qui sont certes concurrencés par les produits étrangers de meilleure qualité.
La Centrale syndicale avait soulevé, au cours des forums, la question de la concurrence déloyale exercée par ces produits d’implorations car ils bénéficient de soutien et de détaxes dans leurs pays d’origine.
Voilà les éléments de base qui plaident pour la protection de la production nationale et l’arrêt des importations en tout genre.
« Les produits mad in Algeria pourront ainsi se vendre au moins sur leur propre marché ; en attendant leur promotion à l’exportation » estime l’un des chefs d’entreprises spécialisés dans la production et exportation de dattes.
L’Intervenant milite même pour l’interdiction totale des produits étrangers pour n’autoriser que l’importation des matières premières.
Il cite dans ce sens les produits de téléphonie mobile de marque CONDOR qui concurrent les autres marque de Smartphones étrangers. Il soutient dans ce sens l’orientation des ports algériens de commerce vers les exportations en termes d’équipements spécifiques et de navires a-t-il ajouté. Mais les autres operateurs économiques, producteurs de faïences, ne sont pas d’accord avec un tel raisonnement qui risque de conduire l’économie nationale vers l’impasse. « Les produits algériens vont se vendre en l’absence de produits étrangers. Mais avec quelle qualité et standards internationaux ? La concurrence loyale avec les produits étrangers est positive pour les produits nationaux. Cela permet aux producteurs algériens d’améliorer sas cesse les systèmes de production et la qualité, être plus compétitifs pour avoir plus de parts de marché et faire face aux produits d’importation » estime l’un d’entre eux qui voit le commerce international comme un tout.
L’adhésion de l’Algérie n’est plus d’actualité
« Si l’Algérie ferme ses frontières douanières , les autres pays pourront appliquer le système de la réciprocité. Il faut protéger les produits algériens par des taxes douanières et normes algériennes appliquées aux produits d’importation et non par des mesures d’interdiction qui risquent d’isoler l’économie nationale du commerce international et par la même des investissements directs étrangers (IDE)» poursuit-il ; faisant allusion à la question de l’adhésion de l’Algérie à l’OMC qui n’est plus d’actualité.
Cet opérateur s’interroge ainsi sur les produits mad in Algeria qui ne s’imposent par leur qualité mais par l’absence de produits d’importation. Cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas consommer les produits algériens a-t-il indiqué à la fin de son intervention.
Tous les pays protègent leur économie pour favoriser le commerce des produits nationaux, mais par des normes et taxes appliquées aux produits d’importation ; estiment les experts du commerce international.
C’est le cas des pays de l’Union européenne et des Etats Unis d’Amériques qui produisent sans cesse de nouvelles normes de qualité, d’hygiène, d’étiquetage ou de calibrage pour uniquement bloquer aux ports les produits d’importation. Avis divergents, convergents ou partagés ; le débats continuera surement de faire rage.