Mourad El Besseghi, expert financier :« le système de soutien des prix n’est pas pertinent »

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L’expert financier, Mourad El  Besseghi, revient dans cet entretien, sur la loi de finance 2018, averti et met en garde contre une exaspération social.   

L’express DZ : L’application de la loi de Finances 2018 fait craindre aux consommateurs des répercussions sur leur pouvoir d’achat. Etes-vous de cet avis ?  

M El Besseghi : Chaque année, la loi de finances apporte son lot d’augmentation des prix des produits de consommation, et son «Pascal »  supplémentaire qui vient augmenter la pression fiscale. Les ménages ressentent une crainte et une anxiété par rapport aux conséquences sur son portefeuille.

L’inflation que connait notre pays est exceptionnelle puisqu’elle devrait avoisiner dans le meilleur des cas les 6% en prévision de clôture 2017 selon les chiffres officiels. Elle devrait connaitre une baisse sensible sur la trajectoire 2018-2020.

Le citoyen « lambda »  a une toute perception de l’inflation qu’il tire de la réalité du terrain. Pour lui une augmentation des prix des carburants, va agir sur une infinité de produits qu’il consomme habituellement.

Il y a surtout la hausse des prix du carburant qui fait peur ?

En effet, les carburants sont des intrants dans tous les processus de production de biens et de services et en conséquence, une petite hausse des prix va avoir une répercussion directe ou indirecte sur des centaines de produits de consommation courante. Les mécanismes mis en place en direction des agriculteurs par exemple sur le soutien des prix du mazout sont totalement annihiler par les pratiques dans ce secteur incontrôlé et l’absence de maitrise des circuits de commercialisation.

Il est vrai que la politique des transferts sociaux se veut être un  analgésique à ce phénomène mais il est tout aussi vrai que le système de soutien des prix en place n’est pas pertinent et à l’opposé des effets escomptés. Tout comme les subventions accordées au secteur du logement et celui de la santé, à l’agriculture ne sont ressentis.

Le Gouvernement rassure, pourtant, que le pouvoir d’achat sera préservé. Qu’en pensez-vous ?

Il est certain que la crise financière que nous vivons est sévère et que les ménages moyens  doivent  apporter leurs contributions pour la supporter, mais il est frustrant pour le citoyen d’abandonner dans cette loi des finances  l’impôt sur la fortune qui avait pour objectif de susciter une solidarité entre les membres d’une même société, entre des riches et des pauvres, entre des nantis et des démunis. Devant la présente crise, le clivage s’approfondi puisqu’on  sollicite encore la patience des ménages moyens pour leur faire porter injustement seul le fardeau de plusieurs années de gabegie.

Il en sera de même des autres augmentations sur certaines taxes liées à l’environnement censées alimenter les finances locales pour les budgets des collectivités locales alors qu’elles recèlent en leurs seins des ressources inexploitées rationnellement et des gisements totalement inexplorés.

La crainte et l’anxiété du citoyen se trouvent justifiées légitimement mais elle est exacerbée par une très mauvaise communication d’une manière générale.  Le pouvoir d’achat qui s’amenuise ne sera pas sans conséquence sur l’exaspération du front social et de son éventuel ébullition.

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