La banque mondiale annonce une crise financière prochaine en Algérie

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La croissance devrait reprendre rapidement en 2018 par suite du processus d’expansion budgétaire, selon le dernier rapport de la Banque Mondiale (BM). Ce dernier précise que le taux de croissance du PIB devrait, de ce fait, s’établir à 3,5 % et le taux d’inflation à 7,5 % en 2018.

Quant à la croissance et l’inflation globales, elles augmenteront parallèlement à la réalisation des nouveaux investissements publics annoncés dans le budget de 2018.

Par contre, les prévisions de la banque mondiale sur cette croissance sont pessimistes pour 2019 et 2020. Elle tient à préciser qu’il sera toutefois difficile pour le taux de croissance du PIB de dépasser le seuil de 2 % sur la période 2019-2020, ce qui représente une progression anémique pour un pays à revenu intermédiaire comptant une très forte proportion de jeunes. Argument à l’appui : « La production des nouveaux puits pétroliers continuera d’être importante et stimulera la croissance, tandis que le secteur hors hydrocarbures subira l’essentiel du processus de rééquilibrage des finances publiques que les autorités envisagent de reprendre vers le milieu de 2019. Il sera toutefois difficile de résister à la tentation de retarder à nouveau ce rééquilibrage, même si le pays se dirige vers une crise financière déclenchée par le recours au seigneuriage pour financer le déficit budgétaire ».

Par ailleurs, le même rapport fait état d’un double déficit qui continuera de s’aggraver en 2018, et l’intention manifestée par les autorités de recourir au financement monétaire est très préoccupante, estime la BM. Dans le cadre budgétaire actuel (2018-2020), ajoute-t-on, adopté dans la loi de finances de 2018, les dépenses publiques resteront très élevées et ne seront pas contrebalancées par l’augmentation des recettes publiques qui pourrait résulter de la remontée escomptée des cours et de la production du pétrole. Le déficit budgétaire devrait augmenter en 2018 pour atteindre 11,4 % du PIB, mais rapidement diminuer durant la période 2019-2020. La banque mondiale explique en outre que la persistance du déficit budgétaire pourrait toutefois provoquer une forte création de monnaie, les autorités ayant jusqu’à présent refusé de financer le déficit en procédant à des emprunts extérieurs. Les projections indiquent une faible diminution du déficit du compte courant qui tombera à 10,2 % en 2020. Ce niveau est jugé gérable, étant donné le montant des réserves (17 mois d’importations à la fin de 2017). Les réserves pourraient toutefois ne plus représenter que cinq mois d’importation d’ici 2020, soit un niveau proche du seuil de 3 mois des marchés émergents. Les autorités savent qu’il importe d’évaluer les répercussions sur la pauvreté et la vulnérabilité des réformes qui pourraient être apportées au système de subventions.

Dans le volet risques et défis, la banque mondiale tient à signaler que l’économie algérienne se heurte à des difficultés qui tiennent au mécontentement social et à la gestion d’une nouvelle politique monétaire non conventionnelle. Premièrement, ajoute-t-elle, l’intensification du mécontentement de la population suscité par le gel des dépenses publiques, l’alourdissement de la fiscalité et l’ampleur du chômage des jeunes risque fortement de compromettre les perspectives considérées plus haut. La population témoigne de son insatisfaction, dans certains cas, depuis le début de l’année si l’on considère la grève des médecins à Alger et dans d’autres grandes villes. L’adoption d’une politique monétaire non conventionnelle allège les contraintes sur les finances publiques à court terme, mais donne de fausses indications sur la réorientation envisagée pour l’économie, qui vise à réduire la dépendance par rapport aux hydrocarbures, et sur le rôle de l’État – tel qu’il ressort du rapport Vision 2035 qui sera prochainement diffusé.

Par ailleurs et concernant l’année 2017, la banque mondiale parle d’un ralentissement de la croissance qui a tenu à une légère diminution de la production d’hydrocarbures qui n’a pas été contrebalancée par une augmentation plus forte que prévu des dépenses publiques. Des problèmes structurels entravent par ailleurs la croissance du secteur hors hydrocarbures, et l’inflation continue de s’accélérer. Selon les estimations de la BM, le taux de croissance du PIB réel s’est établi à 2,1% en 2017 soit à un niveau inférieur à 3,3% enregistré en 2016.

 

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