Marché commun Africain : L’Algérie veut jouer un rôle de premier plan

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L’Algérie se prépare de plain-pied pour garantir le succès du sommet extraordinaire de l’Union africaine prévu à Kigali le 21 mars prochain avec comme ordre du jour la présentation et la discussion autour de l’accord de la Zone continentale de libre échange (ZCLE) qui cible la création progressivement d’un marché commun africain, selon Said Djelab, directeur général du commerce extérieur auprès du ministère de commerce et  négociateur en chef  pour la ZCLE. Cette rencontre se veut un espace de concertation entre les différents partenaires et confédérations patronales pour affûter les positions algériennes dans les négociations multilatérales de Kigali, selon les organisateurs.  Le marché africain est dominé actuellement par les produits chinois, américains, indiens et européens à leur tête les produits français ; alors que les échanges interafricains ne dépassent les 10 à 12%, quelles que soient les années ; a-t-il ajouté. L’intervenant explique que le modèle de fonctionnement et d’adhésion des pays africains à la ZCLE est calqué sur celui de l’OMC avec comme objectif l’intégration des économies africaines dans le processus de la mondialisation par le commerce.

La rencontre d’information réunissant les cadres des ministères de commerce et des affaires étrangères organisée ce mercredi à Alger vise à recueillir les avis et propositions des associations patronales, des opérateurs économiques algériens afin de protéger au mieux les produits et services algériens d’une part ; et faire aplanir aussi les difficultés qui risquent de surgir d’autre part lors des négociations.  Il semble que l’Algérie n’aurait pas une politique africaine bien définie en termes d’échanges commerciaux avec les pays africains et de présence d’institutions bancaires et commerciales au niveau du continent, selon Ali Bouhraoua, directeur de la coopération au ministère des finances et chef de file sur le commerce des services. Il a détaillé en ce sens les vrais enjeux de la libéralisation des services des entreprises.

Suppression des barrières douanières

Selon son analyse, tout porte à croire que toutes les conditions sont réunies pour voir l’émergence d’un marché commun africain avec suppression des droits et taxes douanières en vue de la promotion des produits africains. Mais les protocoles d’accords sur les marchandises, les services ainsi que sur l’instance de règlements des conflits ne sont pas encore discutés et signés.  C’est le cas de la règle d’origine africaine. C’est ardu en fait pour concilier les positions africaines et aplanir des tensions qui risquent d’entrainer des retards dans la mise en application de la ZCLE. 

 « Il s’agit de prendre en charge les  spécificités de chacun des pays africains qui n’arriveraient pas à mettre en œuvre les dispositions économiques, commerciales et réglementaires  nécessaires pour mettre en route cette zone continentale de libre-échange. Les experts citent comme exemple la nécessité d’adoption de nouvelles lois et de révision des textes lis à la circulation des marchandises », soutient quant à lui M Merzak Belhimeur, directeur général des relations économiques et de la coopération internationale au ministère des affaires étrangères et président de l’unité de gestion et suivi des négociations de la ZCLE.

Lui aussi se veut   optimiste quant à l’issue de la rencontre de Kigali d’où il vient d’effectuer un séjour dans le cadre de la préparation de l’événement du devenir de l’Afrique.

Le marché africain dépend à 60% de l’extérieur

M Belhimeur estime que la conquête du marché africain n’est pas aussi facile que le pensent certains opérateurs économiques.

 « Il y a déjà des entités économiques régionales, c’est-à-dire de petites zones de libre-échange qui dominent le marché africain. La CDAO est la zone la plus importante au niveau de la région l’Afrique du nord-Sahel et le seul groupement régional qui n’est pas fonctionnel est l’UMA » explique le représentant du ministère des affaires étrangères. Le marché africain dépend à 60% du marché extérieur ; de l’Europe, la Chine, des USA, l’Inde et un peu moins de la Turquie.  Mais en dehors de l’Algérie et du Nigeria, les pays africains n’exportent essentiellement, dit-il, que les produits de base et importent pratiquement tous les produits manufacturés avec un taux qui dépasse les 70% d’importation.  Selon lui, les 55 pays africains doivent au préalable faire disparaitre progressivement tous les obstacles liés à la création de la ZCLE.

« Les obstacles sont essentiellement liées aux règles d’origines, la conformité de la réglementation phito-sanitaire africaine selon les dispositions de l’accord de l’OMC et à la transparence technico commerciale et les services ainsi que les mesures de sauvegarde et d’antidumping sur lesquelles les groupes d’experts travaillent actuellement » indique M Belhimeur.

 Définition de la règle d’origine africaine

 Une fois ce travail d’experts terminé, il sera procédé d’abord à la négociation de la libéralisation des marchandises et la libéralisation des services en deuxième position.

« Nous allons définir une règle d’origine africaine en termes de taux d’intégration pour que la marchandise puisse bénéficier de l’exonération des droits de douane entre les pays » a-t-il ajouté, mettant en évidence la finalisation de l’accord définissant les grandes lignes de la création de la ZCLE qui est actuellement entre les mains des juristes africains. Cet accord est accompagné par trois protocoles sur les marchandises, les services et sur le mécanisme de règlements sur les différends en cas de conflits entre opérateurs économiques africains. Les Africains vont-ils s’entendre sur l’essentiel et cautionner le projet de création de la ZCLE, telle voulu par les chefs d’Etats et tracer par la même les premiers jalons du marché commun africain ? Il y va en tout cas de l’avenir du continent Africain.

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