Fatima Ezahraa Assami, responsable du « World Cancer Day » 2018: « 45 000 nouveaux cas de cancer chaque année »

Date:

« Une mauvaise prise en charge thérapeutique et psychologique peut augmenter la mortalité due au cancer c’est pourquoi il « tue 24 000 personnes en Algérie avec 45 milles nouveaux cas de cancers, selon le registre de cancer reconnu par les instances internationales », affirme ce jeudi Fatima Ezahraa Assami, membre de l’association scientifique des étudiants en pharmacie d’Alger (ASEPA) et responsable du World Cancer Day 2018, qui aura lieu samedi prochain à Alger comme ailleurs dans le monde, dans cet interview accordée à l’Express DZ. L’évènement aura lieu à la placette des Ruisseaux en face la station de métro « Les Fusillés » et à la Grande Poste.

 Propos recueillis par Fella Midjek

Une brève présentation de l’Association scientifique des étudiants en pharmacie d’Alger (ASEPA).

Fatima Ezahraa Assami : L’Association scientifique des étudiants en pharmacie d’Alger (ASEPA) est née de la volonté conjointe d’une poignée d’étudiants à apporter leur pierre à l’édifice de la santé publique. Elle vit le jour en 2009, comptant au départ moins d’une centaine de membres et dont le premier événement fut la journée de l’interne.                                                                             

 Après ses débuts prometteurs, ASEPA s’est élargi et compte désormais plusieurs volets, entre autres : santé publique, développement professionnel, actions humanitaires, etc. Aujourd’hui, l’ASEPA compte plus de 600 étudiants en pharmacie. Elle brille de sa présence et est forte d’une détermination sans pareil. Elle a su devenir une composante essentielle au paysage de la santé en Algérie.

Vous organisez le World Cancer Day le 3 février prochain afin de sensibiliser et prévenir le cancer. Comment intervient elle sur le terrain tout au long de l’année?

Fatima Ezahraa Assami : Le volet santé publique de notre association organise chaque année plusieurs campagnes de sensibilisation sur les différents cancers qui touchent le plus fréquemment nos compatriotes (cancer du sein, du col de l’utérus, de la prostate….etc). Cependant, plusieurs pathologies font aussi l’objet des journées de sensibilisation spéciales sur le terrain, je cite comme exemple: la compagne de sensibilisation contre le diabète et l’hypertension artérielle, ou bien celle contre la tuberculose.                                                                                                                                         

Étant une association qui vise à l’aide et à la prévention mais surtout à l’information et à la sensibilisation du grand public, l’ASEPA organise pour la première fois cette année le “World Cancer Day” en suivant les directives de l’OMS (Organisation mondiale de la santé). Un événement qui a pour but d’encourager le dépistage et la lutte contre le cancer.

Chaque année, ce fléau tue 24 000 personnes en Algérie avec 45 milles nouveaux cas de cancers selon le registre de cancer reconnu par les instances internationales. Mais un homme averti en vaut deux, c’est donc pour cette raison que notre but est de toucher le maximum de personnes durant cette journée.

Le cancer est la deuxième cause de mortalité en Algérie. Est ce un problème de prise en charge des patients? Argumentez par des chiffres.

Fatima Ezahraa Assami : Une mauvaise prise en charge thérapeutique et psychologique peut augmenter la mortalité due au cancer, mais c’est la modification profonde du mode de vie collectif et individuel de nos compatriotes (augmentation du stress, pollution, tabagisme, sédentarité, mauvaise hygiène alimentaire…) Qui augmente son incidence de manière significative.

Où, comment et à quel moment les algériens peuvent se faire dépister?

Fatima Ezahraa Assami : Le dépistage permet de diagnostiquer tôt certains cancers, avant même l’apparition des symptômes. Ce qui permet une meilleure prise en charge thérapeutique, mais aussi de minimiser les séquelles liées aux traitements.                                                                                                        

Pour répondre à votre question, le dépistage se fait dans des centres spécialisés au niveau de différents CHU, la méthode utilisée dépend quant à elle du cancer soupçonné. Par exemple une mammographie peut détecter la présence d’une masse, ce qui peut orienter le diagnostic vers un possible cancer du sein.                                                                                                                        

Concernant les cancers généralisés, le diagnostic se fait dès l’apparition des premiers signes cliniques. Par contre, certains cancers requièrent des tests préventifs réguliers à partir d’un certain âge si la personne possède des antécédents familiaux ou encore si elle est exposée à certains facteurs de risque.

Combien cela coûte?

Fatima Ezahraa Assami : Le dépistage en CHU est totalement gratuit, tandis que certains centres médicaux du domaine privé proposent ce type de service à des prix qui peuvent parfois être exorbitants.

La stratégie  actuelle de lutte contre le cancer en terme de prévention est elle porteuse?

Fatima Ezahraa Assami : La stratégie actuelle de lutte contre le cancer en Algérie en est encore à ses balbutiements, mais elle s’avère prometteuse. Elle vise à améliorer la prévention contre les facteurs de risque notamment la lutte contre le tabagisme, la sensibilisation de la population sur les actions préventives et l’importance du dépistage précoce en assurant l’équipement et le matériel nécessaire pour le diagnostic (imagerie médicale, anatomo-cytologique….). Elle a pour but de diminuer la mortalité du cancer et son incidence.

Une fois le diagnostic posé, est ce que les patients ont le choix entre la chimiothérapie et autres thérapie?

Fatima Ezahraa Assami : La chimiothérapie n’est pas proposée de façon systématique à tous les patients atteints de cancer. Son utilité est jugée en fonction du stade du cancer au moment du diagnostic et des facteurs de risque de récidive.  

Et que pensez vous des traitements naturels notamment par certains fruits?

Fatima Ezahraa Assami : En ce qui concerne la phytothérapie et la prise de certains  “aliments miracles”, la notion d’efficacité pour beaucoup d’entre eux  repose sur une tradition ancestrale et il n’existe pas des preuves scientifiques permettant d’attester leurs effets anticancéreux. De ce fait et en manque de bases scientifiques tangibles permettant d’expliquer comment le produit agit, le patient cancéreux doit éviter la consommation de toute plante médicinale et de compléments alimentaires sans avoir préalablement reçu l’aval de son médecin et de son pharmacien.

Que peut-on changer concrètement pour une véritable prévention et prise en charge des patients à temps dans les structures existantes avec les personnels actuels?

Fatima Ezahraa Assami : Pour la prévention, il est dorénavant nécessaire d’adopter des stratégies préventives et cela peut se faire en encourageant les mouvements visant à sensibiliser la population sur l’éviction de certains facteurs de risque, tel que le tabagisme, la mauvaise hygiène de vie, la pollution et l’obésité. Tout en promouvant l’adoption de certains comportements préventifs, tel que la pratique régulière d’activité physique, une alimentation saine et équilibrée…etc.  Pour la prise en charge des patients, il n’est malheureusement pas encore en notre pouvoir de nous prononcer sur la situation actuelle, mais en tant qu’étudiants en pharmacie, nous souhaitons par notre humble contribution participer à changer les choses de façon concrète.

Bio Express

Fatima Ezahraa ASSAMI est étudiante en 6ème année de Pharmacie et membre de l’association scientifique des étudiants en pharmacie d’Alger ASEPA. Elle est la responsable du Word Cancer Day 2018. Son choix s’est porté sur la santé publique car elle veut apporter un plus à la société. « En effet aider, informer et guider la population est un des rôles primordiaux du pharmacien », estime-t-elle.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Share post:

Info en continu

Articles associés
Related

Abdelkader Gouchene, Écrivain: « Les différents systèmes de gouvernance qui se sont relayés depuis l’Indépendance ont réussi à rendre l’Algérien méconnaissable à lui-même »

Abdelkader Gouchene, auteur du roman « L’Amour sublime » paru  en 2018, revient avec un...

Exclusif / Entretien avec Dr Rachid Amokrane, président de Smarttek consulting New-York

Rachid Amokrane est un expert en développement personnel et en motivation...