Entretien : L’Algérie victime de faux rapports de la banque mondiale ?

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Entretien avec Mourad El Besseghi, expert financier

Express-dz : L’économiste en chef de la Banque Mondiale (BM), Paul Romer, a affirmé récemment que cette institution de Bretton Woods avait modifié injustement les indicateurs de son rapport annuel sur le climat des affaires dans le monde pour des motivations politiques. Que pensez-vous de ces révélations ?

MEl Besseghi : Je suis personnellement ce qu’on appelle un contributeur dans le doing busines relatif au climat des affaires et chaque année, nous fournissons des indications et certaines données.

Depuis 2014, une enquête est lancée à travers des contributeurs choisis dans 189 villes sélectionnées. Les données fournis font l’objet d’un traitement qui aboutit à des résultats et un classement. Ce classement joue un rôle important dans l’attractivité des investissements puisqu’il permet de donner une idée qui se voulait refléter une image fidèle du climat des affaires et des facilités accordés aux opérateurs économiques.

Mais au fil du temps, on s’aperçoit que les questions posées changeaient de manière tendancieuse comme si elles étaient destinées à favoriser des pays par rapport à d’autres.

Les révélations rapportées par le Wall Street Journal et formulées par un haut responsable M. Paul Romer, confirme que le travail de classement est loin d’être objectif et ont porté préjudice à certains pays. On peut supposer que l’Algérie qui a eu été injustement classé à la 166éme place l’a été aussi. Ce niveau de classement qui est très proche de la queue de la liste, range notre pays avec des pays en guerre (Syrie, Yémen, Lybie, etc…) et des pays qui vivent en deçà du minimum, ou qui sont dans des conditions économiques catastrophique.

La majorité des rapports de la BM sur l’Algérie ont été négatifs. Certains experts disent que les représentants de la BM au Maghreb sont influencés par le Maroc, qu’en pensez-vous ?

Après les déclarations de notre Ministre des affaires étrangères lors de la rencontre avec le FCE en octobre dernier, des responsables Marocains ont déclaré que le Maroc se portait beaucoup mieux sur le plan économique et que le classement de doing busines était à lui seul révélateur.

Pourtant une comparaison objective sur les chiffres officiels des pays du Maghreb, l’Algérie n’est certainement pas le pays qui offre le moins de crédibilité à tout point de vue. Les niveaux de croissance de la PIB ou du PIB per capita sont des agrégats macroéconomiques plus fiables que n’importe quel classement, de surcroit si ce dernier obéit à des considérations politiques.

Dans cette affaire, l’Algérie a subi un préjudice, tout comme le Chili et il serait anormal de ne pas réclamer un audit pour revoir la position imméritée de l’Algérie.

Il en est de même pour les rapports de la banque mondiale qui a annoncé des chiffres sur la croissance économique littéralement catastrophiques en juin dernier pour être ramenés à des niveaux plus « cléments » similaires aux chiffres officiels et ce après au moins deux visites de représentants officiels du pays, pour leur expliquer que le budget d’équipement est en hausse en 2018.

Le rapport du FMI a suivi le même cheminement. En attendant celui qui doit être formulée avant la fin du mois de janvier courant, tout porte à croire que cette institution de BrettonWoods, va revoir substantiellement à la hausse ses chiffres sur la croissance économique de l’Algérie.

Qu’en est-il des rapports des autres ONG ?

On peut également étendre la série aux autres ONG, tel que Transparency International, qui classe l’Algérie à la 108ème place sur la base d’un indice de perception de la corruption défini par eux et selon leurs propres critères. Loin de nous l’idée d’affirmer que notre pays est exempt de ce mal, mais « a vu d’œil », il est bizarre que ces pays ou la corruption est structurée, officielle et érigée en système, ou la drogue coule à flots et permet de dégager des excédents exportables, ou le blanchiment des capitaux est légion,….etc. de les retrouver dans une position plus confortable. Et oui, c’est comme si la corruption lorsqu’elle est institutionnalisée et fait partie du quotidien, n’est plus recensée en tant que telle.

Il convient de prendre avec des pincettes ces classements censés être « objectifs » sans pour autant abandonner totalement leur suivi ou laisser libre cours à des manipulations grotesques et abusives.

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